Rodolphus Lestrange

_Pourquoi il faut rajouter de la poudre d'os de dragon?
_Parce que c'est comme ça. Avec les autres ingrédients, tu vas voir, Rodo, la potion sera parfaite.
_Qu'est-ce qu'il faut rajouter, encore?
_Des racines de gingembre et d'éllébore. Des pattes de boursouflet. Du jus de grenade. Du sang de clabbert...
_C'est quoi, un clabbert?
_C'est une petite bestiole qui vit dans les arbres.
_Ça ressemble à quoi?
_À un singe et à une grenouille.
_C'est marrant quand même! Comment on peut ressembler à la fois à un singe et à une grenouille?
_Par Merlin, Rodolphus! Tu as finit avec tes questions? Tu veux que je te montre à préparer des potions ou pas?

Aussitôt, Rodolphus se tut. Âgé de sept ans, le gamin était émerveillé devant l'habileté qu'avait son oncle à manier les différents ingrédients sans les contaminer. Les pattes de boursouflet lui soulevèrent le coeur, mais il n'en laissa rien paraître. Franchement, il était plus résistant que ça! Vomir ses tripes n'aurait pas donné à son oncle une bonne opinion de lui et il ne voulait en aucun cas être perçu comme étant un faible. Surtout que la fille de son oncle, Jenna, qui avait le même âge que Rabastan, était là aussi. Elle était on ne sait où, sans doute en train d'énerver son frère comme elle seule savait si bien le faire, mais il ne voulait pas prendre le risque qu'elle ne découvre son aversion pour les pattes de boursouflet. Elle risquait de lui remettre ça sur le nez pendant des années et il se refusait à la laisser gagner. Jenna était la pire des pestes et avec Rabastan, ils ne cessaient de tenter de lui faire des coups tordus. Elle se croyait au-dessus des autres parce qu'elle était une fille et Rodolphus n'en avait rien à faire de sa cousine.

_Alors, voilà. Rodolphus? Pile-moi les racines de gingembre, s'il te plaît. Regarde, tu fais comme ça.

Rodolphus fronça les sourcils et imita son oncle qui lui, pilait les racines d'éllébore. Rodolphus et Rabastan avaient toujours été passionnés par les potions et leur oncle en étant un maître, il leur montrait certains trucs depuis qu'ils étaient tout petits. D'ailleurs, il leur acheta leur premier chaudron alors que Rod' n'avait que quatre ans. Pourtant, même si leur oncle était un homme généreux de son temps, il n'en demeurait pas moins hautain et capricieux et on voyait bien d'où sa fille tenait cet abominable trait de caractère. Car abominable, elle l'était. Mais il appréciait tout de même la compagnie de son oncle, si sa fille n'était pas dans les parages. Elle était garce et Rodolphus en venait à vouloir l'étrangler chaque fois qu'il voyait sa bouille prétentieuse de fillette-princesse gâtée pourrie.

_Je peux ajouter les racines?
_Attends un peu! Lorsque la couleur de la potion passera du vert au violet, tu pourras les mettre.
_C'est long... soupira l'enfant en posant sa poudre de racine de gingembre sur la table.
_Prends ton mal en patience! Ce sera bientôt!

La patience n'avait jamais été le fort de Rodolphus. Rabastan semblait en avoir davantage. Lui, il aimait bien obtenir tout ce qu'il voulait, maintenant, et il pouvait bien parler de Jenna qui obtenait tout ce qu'elle demandait; il n'était pas mieux. Leurs parents leur avaient quand même donné à chacun un elfe de maison afin qu'ils puissent avoir tout ce qu'ils désiraient le plus rapidement possible. En même temps, c'était un parfait défouloir!

L'arrivée de Jenna dans la cuisine lui valut un regard noir de la part de Rodolphus. Il demeura calme, toutefois, se refusant à perdre patience, une fois de plus, devant elle. Elle aurait, encore et toujours, raison, et il ne voulait pas lui accorder cette faveur. La fillette vint se poster près de son oncle et ce dernier prit la poudre des mains de Rodolphus afin de la donner à sa fille.

_Rodo? Ça te dérange si Jenna la met dans le chaudron? Elle adore ça.
_Non... gromela-t-il entre ses dents. Ça ne me dérange pas du tout.
_Tant mieux! Vas-y, Jenna. Dépose la poudre de racine, doucement, dans le chaudron. Il ne faudrait pas faire des éclaboussures.
_Je n'ai plus envie de la faire, la potion.

Rodolphus quitta la cuisine sans un regard vers sa petite cousine qui fronçait les sourcils, presqu'heureuse. Elle aurait, enfin, son père pour elle toute seule, la charpie. Décidément, il la détestait. Et quand il rejoindrait Rabastan, la vengeance aurait sonné.

Quand ça lui tente!
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_Rodo! Tu me lâches ça, tout de suite! Dépose-le.
_Mais... Maman! C'est pas amusant, sinon...

Rodolphus, Rabastan et leur mère, alors que Rod' devait avoir neuf ans, faisaient du dégnomage dans le jardin depuis le début de la matinée, mais les enfants commençaient sérieusement à s'ennuyer. Afin d'être certain que les gnomes n'auraient pas l'idée de revenir, Rod' les sortaient de terre et se plaisait à tirer sur les pattes de la créature pour lui faire mal avant de la lancer de toutes ses forces hors du terrain. Décidément, sa mère n'appréciait pas du tout sa façon de procéder et elle le lui fit clairement comprendre. Rabastan, pourtant, décida de faire pareil ce qui déclencha les rires de Rodolphus. Ce que le frère aîné peut être le bon exemple, parfois! Elladora Lestrange n'en fut pas de cet avis et elle s'approcha de Rodolphus en levant sa baguette.

_Tu arrêtes. Sinon, je te fais subir le même sort, garnement!
_Tu n'oserais pas. fit aussitôt l'enfant en balançant un gnome mal en point de l'autre côté de la clôture.

Pourtant, lorsqu'Elladora leva sa baguette et prononça un sortilège, Rodolphus eut réellement la trouille, surtout vu la colère qu'il lisait dans les yeux de sa mère. Pourtant, aucun sortilège ne le frappa. Une sorte de bouclier invisible s'était levé entre lui et sa mère et malgré l'étonnement qu'il perçut dans ses prunelles vertes, elle n'en demeura pas moins en colère. Elle s'avança vers lui, le saisit par le bras et l'entraîna vivement dans la maison.

_Le dégnomage, c'est finit pour toi, mon garçon. Finit.
_ Mais! J'ai utilisé la magie!
_Magie ou pas, tu ne dois pas faire ça, tu es puni.
_Juste quand on commençait à s'amuser... soupira-t-il en levant les yeux au ciel, ce qui ne manqua pas de déplaire à sa mère.
_ Je retourne dégnomer le jardin avec ton frère. Toi, tu restes ici. Que je ne te vois pas sortir de la maison.

Rodolphus poussa un soupir et se dirigea vers la fenêtre. Il faillit éclater de rire en voyant Rabastan faire la même chose que lui. Il était futé le petit frère! Il avait compris que Rodolphus avait eu ce qu'il voulait. Il n'était plus obligé de faire la corvée du dégnomage et même qu'il n'était plus autorisé à mettre les pieds au jardin. Or, lorsque leur mère découvrit que son cadet avait pris exemple sur son frère aîné, elle ramena Rabastan à la maison également, furieuse. Rodolphus en profita afin de lui montrer un air sage et rit lorsqu'elle rendit sa liberté à son frère. Ainsi donc, ils s'emmerdaient dans le jardin, ils trouvèrent le moyen de s'en sauver. Mais leur mère devina bien rapidement leur petit manège et les força à revenir au jardin. Ils n'avaient plus le droit de toucher les gnomes, dès qu'ils le faisaient, ils recevaient une décharge. Quel sortilège avait-elle encore mis en place? Rodolphus maugréa alors qu'il se devait de râcler la terre pour les fleurs. Pénible. À la main en plus. Sa mère aurait pu le faire sans effort avec la magie, mais elle préférait voir ses enfants peiner. Il faut bien que les pnitions servent à quelque chose!

_Qu'est-ce que tu me veux, Lestrange?
_Que de vilaines paroles dans la bouche d'une si gentille fille. Ta maman serait furieuse de t'entendre.
_Ma mère n'en a rien à faire de toi et de tes bêtises. Je vois bien ton petit manège et ça ne me fait absolument rien.
_Vraiment? Et si je fais ça?

Il s'était approché de la jeune fille, avait pris délicatement son bras afin de l'empêcher de reculer. L'une de ses mais était venue, délicatement, s'affaler contre la hanche de la demoiselle alors que celle-ci détournait les yeux, en proie, certainement, à une vilaine sensation. Rodolphus aurait pu parier qu'elle venait de se mordiller la lèvre et il ne put qu'en être excité. Sa bouche vint délicatement se poser dans son cou alors qu'il la plaquait tout en douceur sur le mur. Il ne voulait pas l'effrayer, non plus, mais selon lui, elle n'était pas du genre à faire sa pudique.

Lorsque ses lèvres cueillèrent les siennes et qu'elle lui balança une gifle monumentale, il se recula vivement et emprisonna ses poignets de ses mains. Les sourcils haussés, il semblait surprit qu'elle ne l'ait, ainsi, repoussé. Ce n'était pas la première fois qu'on le gifflait, Bella elle-même l'avait déjà fait, mais qu'on le repoussait... Habituellement, il n'avait pas besoin de proposer, on venait vers lui. Mais la jeune fille l'avait carrément rembarré pour une raison qu'il ignorait et ça le faisait royalement chier. Disons les mots comme il se doit.

_C'est quoi, ton problème? Il n'y a personne, je suis tout en douceur et tu me tapes? Mais t'es folle, ma parole!
_Tu es avec Bellatrix Black, idiot! Tu crois que j'ai envie de me frotter à toi?
_J'aime quand tu m'insultes comme ça. Continues! Franchement, pourquoi Bella serait-elle au courant, dis-moi? Si ça se trouve, elle s'envoie en l'air avec Rogue.
_Tu crois?
_J'en suis sûr.

Aussitôt, il l'embrassa de nouveau, mais elle répondit avec fougue à son baiser, comme si elle n'attendait que ça depuis des années. Décidément, les filles étaient trop bizarres. Il lui proposait une superbe soirée et elle refusait parce qu'il était avec Bella. Franchement, comme si Bellatrix allait être gênée de ce détail, même si elle l'apprenait. Elle savait que Rod' n'était qu'à elle, pour toujours et à jamais, donc pourquoi chercher les problèmes là où il n'y en avait pas? Rod' se recula légèrement alors que sa main glissait habilement sous le tee-shirt de la jeune fille. Il fut heureux de constater qu'il ne ressentait absolument rien. Pas même un petit pincement. C'était très contraire à ce qui se passait habituellement avec Bellatrix et il ne put qu'en être heureux.

_Pourquoi se priver de l'excitation que provoque un moment pareil quand on le veut tous les deux? On sait, toi comme moi, qu'il n'y a rien entre nous, que ce n'est qu'un passe-temps, n'est-ce pas?
_C'est vrai. Tu as raison. souffla la jeune fille à son oreille.
_Je sais. J'ai toujours raison.

Contrairement à son frère, Rodolphus prenait du plaisir même lorsque sa victime ne hurlait pas de douleur. Il ne savait pas faire la part des choses, disons-le ainsi, et c'était tant mieux. Pour lui, il n'y avait que le plaisir qui comptait, et le fait que tout soit fait dans son intérêt. Égoïste? Oui. Rab', lui, aimait jouer avec ses victimes, il aimait les briser en miettes avant de s'en occuper. Rod' était plus courtois, mais n'hésitait pas à frapper si les choses s'envenimaient. Comme ça, il pouvait aisément retrouver ses partenaires si l'envie lui prenait et elles ne s'éloigneraient pas de lui comme de la peste. Bien s'entourer, c'est la clé.

Sauf quand le gnome est là.
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_Tiens, tiens! Ça y est! Black! Ça faisait un bail dis donc!
_Va te faire foutre, Lestrange!
_Hum... Je pense qu'avec le temps, tu as oublié que je n'aimais pas qu'on m'envoie sur les roses comme ça. Je te pardonne. Pour cette fois. fit-il en bloquant le passage du Gryffondor, sourire aux lèvres, bras croisés.
_Pousse-toi.
_Sinon quoi? Ton petit ami Potter va venir te défendre? Ou peut-être la sang de bourbe...? Evans?
_Lily est peut-être née moldue, mais elle est plus intelligente que toi alors dégage.

Sirius poussa rodolphus afin de le forcer à se tasser, mais le Serpentard n'avait pas dit son dernier mot. Sortant sa baguette, il le força à s'arrêter, un sourire moqueur aux lèvres. Il adorait voir la surprise se peindre sur les visages de ses interlocuteurs lorsqu'il levait sa baguette dans les couloirs de l'école, défiant ainsi les règlements établis depuis des générations. Pourtant, cette surprise, lue sur le visage de son compagnon, ne dura que quelques secondes, voire même quelques millièmes de seconde. Il avait également sortit sa baguette magique, prêt au combat. Après tout, Sirius était un habitué des duels avec ses trois autres amis, et ils ne respectaient pas plus les règlements du château que Rodolphus et son frère, ça, c'était certain. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de chercher les problèmes chaque fois qu'il croisait le cousin de Bella. Il était arrogant, prétentieux, dragueur, charmeur, manipulateur. Autant dire qu'il aurait pu lui ressembler si seulement Rod' avait pris un peu plus d'initiatives. Or, ce n'était pas le cas et il le méprisait donc d'être ce qu'il était, un traître à son sang.

_Ne rêve pas, Black. Potter ne viendra pas te sauver!
_Comme si j'avais besoin de lui. Je sais me défendre, tu le découvriras. Expelliarmus!
_Protego. Lassant. Désolant. Vraiment, je te croyais plus inventif, Black.

Ce fut Black qui frappa le premier. Il avait laissé tomber sa baguette, sûrement sous le coup de la colère, et s'était dirigé vers Rod' qui accusa le coup sans rouspetter. Pourtant, sa lèvre se mit à saigner et il grimaça lorsque le goût ferreux du sang lui monta à la gorge. Son poing partit sans qu'il n'ait demandé à son cerveau de le faire et s'en suivit une bataille qui ne fut arrêtée que lorsque leur professeur de défense contre les forces du mal et celui d'arithmancie n'arrivèrent sur les lieux. Les deux hommes n'eurent pas de mal à séparer les adolescents qui se lançaient des regards hargneux et méprisants. Rodolphus, déjà, redressait les épaules, furieux. Rodolphus avait la lèvre en sang, Sirius aurait certainement une grosse ecchymose sur la joue, là où l'avait frappé Rod'. Rod' glissa sa baguette dans la poche intérieure de sa robe de sorcier et s'apprêtait à partir, essuyant le sang avec sa manche, lorsque l'un de ses enseignants l'intercepta.

_Infirmerie. Tout de suite.
_Ce n'est pas nécessaire, je vous assure. Je saurai soigner ça comme un grand garçon. fit Rod' en s'éloignant.
_Lestrange! Black! Ce n'est pas une proposition. C'est un ordre. Vous aurez fait perdre suffisamment de points à vos maisons, pas la peine d'en rajouter.
_Ça va. J'ai pas besoin de soins. Ma joue va enfler et puis quoi encore? Je suis au courant merci!

Rodolphus, heureux d'avoir su faire mal à Sirius, eut un sourire moqueur, ce qui le fit grimacer. Les deux garçons furent traînés de force par les enseignants, jusqu'à l'infirmerie. Rod' refusa de se faire soigner au pemier abord, spécifiant qu'il n'avait rien de gravee t qu'il ne voulait pas qu'on le touche. Pourtant, l'arrivée du directeur le tint davantage tranquille. Il ne devait pas perdre cette bonne habitude qu'il avait de paraître digne de son sang.

_Rabastan? Va me chercher des chaises supplémentaires s'il te plaît.
_S'il parvient à les trouver. Allez, mon Rab'! Cherche! lui cria Rod' en riant.
_Rodolphus, veux-tu te taire? Parle-moi plutôt ce qui se passe avec Bellatrix. Je t'ai dis à quel point une alliance entre Black et Lestrange serait une bonne chose?
_Je ne compte plus les fois.
_Tant mieux. Alors, avec ta Bella? Vous êtes où?
_Maman. Tu crois réellement que les vacances de Noël sont un bon temps pour parler de Bellatrix? Je veux dire... Ça va comme ça va. fit-il en voyant l'air furieux de sa mère.
_Ça va comme ça va? Explique-toi, Rodo! Vous êtes toujours ensemble au moins?
_Ouais. Évidemment qu'on est toujours ensemble. Elle est sympa, je l'aime, elle m'aime, la belle vie, quoi!
_Tant mieux, tant mieux. On ne peut pas passer au-delà d'une chance comme celle-là. Allez, va chercher les couverts.

Les repas, lors des vancances de Noël, étaient toujours remplis chez la famille Lestrange. On invitait les oncles, les tantes, les cousins, les cousines. Jenna, au plus grand malheur des deux frères, serait là aussi. Ils s'en étaient sauvés l'an passé puisqu'elle avait décidé de demeurer à l'école pendant le temps des vacances. Sage décision. Pourtant, lorsque Rodolphus la vit arriver avec ses parents ce soir-là, il prit garde de choisir une place éloignée de la sienne et en garda une à ses côtés pour Rabastan. Pourtant, lorsque sa mère se leva et alla parler dans l'oreille de la jeune fille, leur cousine, avant que celle-ci ne se relève avec grâce et vienne s'asseoir directement aux côtés de Rodolphus, il écarquilla grand les yeux.

_La place est prise. Rabastan va...
_Rodo... Ça fait longtemps que tu n'as pas eu l'occasion de discuter avec ta cousine. Rabastan n'aura qu'à prendre la place à côté de Jenna. Elle sera bien entourée, ainsi.

Pas moyen de rouspetter là-dessus. Rodolphus dut se taper les conversations de la petite princesse tout seul, jusqu'à ce que Rab' ne daigne pointer son nez. Il allait tourner les talons lorsqu'il vit la place qui lui était assignée, mais il n'en eut pas le temps. Elladora le pria de venir s'installer à côté de Jenna, dont il aurait l'occasion de connaître un peu plus la vie. Chouette! Rodolphus fit un air résigné à son frère. Ils n'avaient pas le choix. La princesse semblait porter les vêtements d'une princesse, semblait avoir l'allue d'une princesse. Bref, elle énervait Rodolphus à un tel point qu'il l'aurait plongée dans la rivière sans aucun remord, même à ce temps-ci de l'année, là où l'eau était glaciale.

Le repas se passa sans gros incident et dès qu'il eut la chance de s'éclipser, Rod' disparut dans sa chambre, Rabastan sur ses talons. Leur mère était vraiment sans coeur pour les placer tout un repas aux côtés de Jenna. Ils leur en feraient voir de toutes les couleurs en tout cas, elle le méritait amplement. Autant Jenna que leur mère.

Quand on peut se plaindre?
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_Je vais la tuer.

L'arrivée impromptue de Bella dans la salle commune fit sourire Rodolphus qui se releva du fauteuil òù il était assis afin de rejoindre la jeune fille. Glissant les mains sur sa taille, il voulut déposer un baiser sur ses lèvres, mais elle l'envoya rapidement valser, ce qui le fit soupirer.

_Dégage, Rod'! Je suis pas d'humeur!
_Hum... Je n'avais pas remarqué.
_Je la déteste. Je te jure qu'elle va finir par crever de mes mains, cette sale garce!

Rodolphus poussa un soupir. Il avait déjà vu Bella, sa Bella, en proie à une colère noire, mais il ne se lassait pas de la voir dans cet état. Elle l'amusait. Il savait qu'ainsi, elle pourrait faire les pires bêtises, sans aucun scrupule, et il ne pouvait qu'en être étonné et admiratif. Ses cheveux noirs virevoltaient alors que la jolie vipère s'énervait et marmonnait des plans tous plus machiavéliques les uns que les autres. Avisant deux Serpentard de deuxième année assis non loin qui les regardaient, Rodolphus leur lança un regard noir.

_Vous voyez pas qu'elle est pas d'humeur? Dégagez!
_C'est quoi ton problème, Rod'? Je suis parfaitement capable de me débarasser d'eux sans toi! Et puis, sortant sa baguette, elle se tourna vers les deux gamins: Je vous laisse trois secondes.

Les voir détaler fut un réel plaisir pour Rod' qui n'accordait aucune importance au ton qu'avait employé Bellatrix pour s'adresser à lui. Il la connaissait, il savait que ce n'était pas méchamment qu'elle faisait ça; elle y était habituée, c'est tout. Il tenta de revenir vers elle et de l'entourer de ses bras pour la calmer, mais elle lui donna un coup de coude dans les côtes qui le fit reculer.

_C'est encore Andromeda?
_Qu'est-ce que tu crois? Tu me gonfles, Rod'.
_Ce n'est certainement pas de ma faute si tu affirmes vouloir tuer la moitié de Poudlard.
_Je te l'accorde. Mais elle, je l'emmerde! On m'a comparé à Andromeda, tu te rends compte? Il y a une saleté de sang de bourbe qui a osé me dire que si j'avais la moitié du courage et de la gentillesse d'Andromeda, je serais une bien meilleure personne. Et tu as raison, je pourrais la tuer, elle aussi, pour non respect envers ses aînés.
_La peur nous fait dire de vilaines choses, Bella. Je suis certain qu'elle regrette toutes ses paroles.
_J'espère bien qu'elle regrette! Je lui ai balancé un Stupéfix, simplement... histoire qu'elle se rappelle de moi.

Le regard de Bellatrix ne trompait pas; elle était bel et bien en colère. La pauvre. Rodolphus tenta une approche un peu plus discrète, en venant à se saisir de sa main avec une douceur qu'on ne lui connaissait pas autrement qu'avec Bellatrix. Elle fit un léger geste afin de se débarrasser de lui ce qui eut tôt fait de le faire sourire. Il l'adorait lorsqu'elle faisait son indépendante, ainsi. Il se sentait fier d'avoir pu toucher son coeur, du moins, il espérait que ce fusse le cas. On ne pouvait jamais être sûr de rien dans des histoires amoureuses arrangées comme la leur. Mais il savait qu'il tenait à elle autant qu'à la prunelle de ses yeux. Il la protégerait. Toujours. La lâcheté ne faisait plus partie de ses caractéristiques lorsqu'elle était avec lui. Que ce soit simplement pour lui prouver qu'il pouvait le faire, il n'hésiterait pas à faire tout ce qu'elle lui demandait en lui donnant une fidélité sans limites. Il ne se rendait pas compte que Bellatrix n'avait besoin de personne, qu'elle était parfaitement apte à se défendre toute seule.

_Bella... Allez! Pense à autre chose. Tu t'occuperas de ta soeur après, tu veux? Il n'y a personne ici, on pourrait en profiter, un peu, qu'est-ce que tu en penses?
_J'avoue que c'est tentant.

On aurait dit qu'en l'espace de quelques secondes, Bellatrix s'était résorbée, que tout son être s'était détendu. Il eut un sourire et un regard charmeur lorsque celle-ci se retourna vers lui, ses yeux luisant dans la pénombre de la salle commune. Il s'avança et l'embrassa avec fougue alors que ses mains entouraient son visage et passaient à sa nuque pour la retenir contre lui. Il ne s'éloigna que quelques instants après, de quelques centimètres à peine, suffisamment pour l'observer, son visage toujours en coupe dans ses mains. Elle était tellement belle. Et elle était sienne. Pour toujours.

_C'est qui, Kristin?
_Une fille.
_Wow! Tu es le roi de la description, Rod'! Merci, mais j'étais déjà au courant. Je t'ai vu avec elle.
_Et alors? Je savais que tu me suivais, mais à ce point-là? Si ça te gêne, je te la présente, si tu veux!
_Non merci. Tu savais que tu fricottes avec une sang mêlé?
_Le bruit est venu à mes oreilles, oui. Et si je n'avais pas été au courant, tu m'en aurais gentiment informé, comme un frère cadet se doit de le faire, hein? Et pour ton information, je ne fricotte pas avec elle.
_Ah d'accord! rit Rabastan en se laissant glisser dans le fauteuil de la salle commune. _C'est pour ça, la main sur la cuisse, les petits sourires charmeurs, quand tu lui replaces une mèche de cheveu... Ne me prend pas pour un gnome, Rod'!
_La première fois que tu me la sors, celle-là!

C'était souvent comme ça entre les deux frères. Une querelle à propos d'une fille qui ne ressemblait même pas à une dispute, des piques lancées à tord et à travers, et tout était rentré dans l'ordre quelques instants après. Habitués de vivre ensemble, de se supporter de longs mois, leur amitié n'en devenait que plus forte. Et leur force résidait dans le fait, justement, qu'ils puissent compter l'un sur l'autre. Enfants, ça avait toujours été Rodolphus et Rabastan, les deux pestes. On ne voyait pas l'un sans l'autre. Ensemble, ils ne savaient pas se tenir, leurs têtes bouillonaient de bêtises et de coups foireux à mettre en pratique, que ce soit sur leurs parents ou sur Jenna, leur victime idéale. La pauvre, même si elle le cherchait bien, elle n'avait sûrement pas mérité tout ce qu'ils lui avaient fait subir! Mais le simple fait d'exister était suffisant pour Rodolphus et il n'hésitait pas à la détester du plus profond de son âme. Et en vieillissant, c'était pire. Ils passaient des petites mauvaises blagues aux coups de plus grande envergure. Rodolphus n'hésitait pas à faire du chantage afin d'empêcher une quelconque victime de lui échapper et de tout révéler. Ça faisait partie de sa façon de travailler... Découvrir des choses sur les gens qu'ils ne voudraient jamais voir étalées au grand public; ils se retrouveraient ainsi dans une bien fâcheuse position.

_De toute façon, peu importe ce qui se passe entre elle et moi, ce n'est pas ton problème.
_Tu as dit qu'il ne se passait rien entre elle et toi.
_C'est ça, aussi! Rabastan, fous-moi la paix, veux-tu?
_Demandé si gentiment, je ne me verrais pas dire non.

Pourtant, même si Rodolphus avait cru que son frère ne le lâcherait pas de sitôt, ce dernier cessa de lui poser des questions. Rod' en fut presque surprit et se dit que son soulagement serait de courte durée, Rab' ne tarderait pas à renchérir. Si ce n'était pas aujourd'hui, il en reparlerait demain, ou après-demain. Le sujet n'était pas clos, il n'avait pas eu les réponses qu'il voulait, et il n'abandonnerait pas aussi facilement. Vu comme ça, les deux frères étaient identiques. Ce n'était pas pour rien qu'ils étaient tous deux des Lestrange! Il se rappelerait à jamais tous les coups tordus qu'ils avait subir à ceux qui les énervaient. N'ayant aucun remord à agir deux contre un, il n'était pas rare de les voir remporter le combat. Que voulez-vous! Et même s'ils demeuraient en désaccord pour certaines choses, dont Jordan, la fille que Rabastan se plaisait à torturer, leurs pensées et leurs actions se complétaient et finissaient toujours par se rejoindre quelque part. Pauvre Jordan, elle n'était pas au bout de ses peines si Rodolphus désirait s'en mêler tout comme le faisait Rabastan avant lui.

_Tu sais, elle ne m'intéresse pas le moins du monde.
_Je savais que tu m'en reparlerais. Et c'est quoi toutes ces petites attentions, si elle ne t'intéresse pas?
_Il faut que je joue le jeu si je veux la prendre dans mes filets, qu'est-ce que tu crois!
_Mais attention. Tu joues à un jeu dangereux. Si TU tombes dans ses filets, tu es mort, Rod'!
_Tomber amoureux d'elle... Si tu penses que ça peut arriver...! Tu te mets le doigt dans l'oeil! Je la lâcherai comme une vulgaire chaussette si je réussis à l'avoir.
_Tant mieux! On est sur la même longueur d'onde, alors!

Une tape dans le dos de la part de Rabastan fit sourire Rodolphus. Kristin ne l'intéressait pas du tout, du moins, pour le moment.

Et ses retombées.
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_Ce serait bien de l'avoir de notre côté. Il est à Serpentard, il n'est pas un sang de bourbe...
_Il traîne avec des sang de bourbe, c'est du pareil au même! Ouais, vraiment, c'est trop la classe!
_Justement. On pourrait remédier à ça! L'empêcher de courir derrière les sang de bourbe, les moldus. Il pourrait presque nous être fidèle! Un vrai petit elfe de maison!
_J'ai déjà le miens et il fait parfaitement l'affaire. J'en ai pas besoin d'un autre. Un chien de poche, non merci, j'ai déjà donné.
_Imagine tout ce qu'il pourrait faire! Personne ne va le prendre au sérieux! On pourrait lui demander n'importe quoi! Tu le prendrais en considération, toi?

Rodolphus sut qu'il touchait un point sensible puisque Rabastan eut un soupir et sembla réfléchir à la proposition de son frère d'introduire Severus Rogue dans leur cercle d'amis. Cercle d'amis était certainement un mot trop grand pour ce qu'il voulait dire puisque les amis qu'ils étaient n'hésiteraient pas une seule seconde à planter un couteau dans le dos de certains afin d'avancer. C'était ça la vie des grands Serpentard. Un jour, vous étiez amis, le jour d'après, vous l'auriez brûlé sur un bûcher. Que c'est beau, l'amour! Et puis, Rodolphus voyait à quel point ce charmant Severus semblait perdu et mal en point, autant le prendre sous son aile et profiter de sa supériorité comme il se devait de le faire!

Reportant son attention sur son frère qui en était toujours à de grandes pensées philosophiques, comme d'habitude, Rodolphus attendit que son frère ne daigne prendre la parole le premier. Après tout, le pauvre, ce n'était pas sa faute s'il lui imposait la présence d'un Serpentard tel que Severus, Rod' devait espérer que ce ne fusse pas une situation trop dérangeante pour Rabastan.

_Au fond, il pourrait nous être utile.
_C'est ce que je m'évertue à te dire depuis tout à l'heure, oui. fit Rodolphus en roulant des yeux.
_Mais... On peut s'amuser un peu? Je veux dire... Lui donner des ordres, ce ne sera pas marrant.
_Fais ce que tu veux, je m'en fiche. T'es d'accord?
_Totalement d'accord.
_Je t'avertis! Il est sous mon aile, tu ne lui fais pas de mal! sermona Rod' en voyant l'air amusé de son frère.
_Ne t'inquiète pas, je serai un ange.
_Je n'attendais pas mieux de toi!

Rodolphus donna une légère claque dans le dos de son frère et partit retrouver Severus afin de lui affirmer que son frère était d'accord pour son insertion dans le cercle des Serpentard populaires. Rogue ne pourrait qu'être ravi de tout cela, puisqu'il aurait, enfin, des amis, ce qu'il ne semblait pas avoir depuis le début de l'année. Quand on est asocial, il ne faut pas espérer voir les autres venir vers nous, hein! Il n'y a que Rodolphus pour aller vous chercher; tel un preux chevalier afin de vous rendre votre petite vie moins misérable.