Damian Vestlay _ Luxure & orgueil || u.c.

Psychologie ...


L’erreur. Ce mot revint souvent dans l’esprit de Damian pour se décrire. Sa naissance n’était pas préméditée, et sa mère ne ressentit pas la moindre joie à voir son ventre s’arrondir une nouvelle fois. Elle avait déjà accouché de deux garçons et ne nourrissait pas le moindre enthousiasme à l’idée de revivre une nouvelle fois ce calvaire. Car Mrs Vestlay ne voyait pas le fait de donner la vie comme un miracle, mais plutôt comme une corvée. Elle avait suffisamment souffert pour avoir son héritier et avait même offert un fils plus jeune, plus malléable, à son époux. L’hypothèse de mettre au monde un nouveau fils n’obtenait donc pas la moindre grâce à ses yeux. Il ne lui serait d’aucune utilité. Elle n’avait pas la fibre maternelle, elle ne comptait pas s’occuper outre mesure de cette nouvelle charge. Qu’il prenne exemple sur ses frères et fasse lui-même son éducation, ce n’était plus son problème. Néanmoins, pour se donner bonne conscience, elle lui fit suivre très jeune une thérapie auprès d’un médicomage particulièrement pointu en matière de psychologie. Pourquoi s’inquiéter d’éduquer un enfant alors que l’on pouvait s’offrir toute une pléiade de services capable de nous mâcher le travail?

Une fois de plus, Damian se rendait donc chez le médicomage sans pour autant prêter le moindre crédit à ces séances. Alors qu’il s’asseyait sobrement dans le siège qui l’accueillerait pour une nouvelle séance d’ennuie, le médicomage s’installa soigneusement face à lui. Après un temps d’arrêt, durant lequel le psychologue observa son patient, l’interrogatoire débuta.

« Damian … Je suis heureux de constater que vous vous tenez encore à nos séances. Depuis le temps, j’avais pensé qu’un jeune homme tel que vous se serez déjà rebellé contre l’autorité parentale … »

« Pour quoi faire? » le coupa-t-il à voix basse.

Le médicomage fit mine de ne pas avoir entendu la réplique sifflante de son patient, continuant sur sa lancée.

« Cela fait quoi, dix bonne années, que vous venez me voir? Rares sont mes clients à demeurer si fidèles. La plupart n’ont plus besoin de mes services après quelques brèves années. »

« Venez-en au fait. »

L’homme ne sembla pas déstabilisé par l’impatience de son patient. Il commençait tout de même à s’habituer au caractère réfractaire et aux manières brutes du jeune homme. Il planta à nouveau son regard dans celui de Damian, qui le soutint d’un œil placide. Puis, enfin, il sembla avoir suffisamment réfléchi à sa réponse pour la partager.

« Je crains que vous ne progressiez pas beaucoup, monsieur Vestlay. »

Damian partit d’un rire bref et amer, avant de laisser les traits de son visage se fixer en un rictus sinistre. En compagnie de personnage tel que le médicomage, Damian prenait un malin plaisir à faire de son visage un terrain de jeu et à se prononcer de manière monosyllabique. Il ne souhaitait pas lâcher le moindre terrain au sorcier car, s’il le faisait, il en céderait aussi à ses maudits géniteurs. Et la pire chose qui pourrait arriver serait de leur donner raison. Damian n’avait nullement besoin de ces séances interminables et ses géniteurs le comprendraient sans doute un jour. En attendant, il était prêt à s’y plier sans pour autant se dévoiler le moins du monde. Son dernier souhait était d’alléger un jour la conscience de ses parents, jamais il ne leur laisserait l’occasion de penser qu’ils avaient bien fait de l’emmener chez un psychologue.

« C’est à vous de remettre en cause vos compétences alors, pas à moi. »

Il avait parlé d’un ton égal et désinvolte qui aurait put faire sortir le médicomage de ses gongs si seulement il n’avait pas possédé une maîtrise de soi hors du commun.

« Là n’est pas la question. Qu’est-ce qui ne va pas chez vous? »

Damian avait sourit. Ses lèvres s’étaient à peine étirées, mais l’insolance du sorcier l’avait tout de même amusé. Il ne tentait pas de le comprendre, mais de le lui trouver un problème. Que pouvait-il vouloir d’autre alors qu’il était à la solde des parents du jeune homme? Ceux-ci le payaient grassement afin qu’il lui trouve des problèmes capables de les détourner de leur devoir parental. Mais Damian n’entrerait jamais dans leur jeu, c’était peine perdue. Bien évidemment, il avait des problèmes, et en nombre. Mais il était suffisamment intelligent et doué pour les dissimuler durant les rares occasions où ils risquaient réellement de le mettre en mauvaise posture.

« C’est vous le médicomage, c’est à vous de me le dire. »





«  Damian ? Eh, Damian ! Bouge, on va être en retard ! »

Un oreiller dans la figure plus loin, ledit Damian n’était pas plus motivé pour quitter le havre tiède et protecteur de son lit moelleux. Glissant un regard vers son camarade, il constata à quel point il paraissait inquiet et ne cessait de s’agiter dans tout le dortoir. Mais il finit cependant par s’arrêter dans sa folle ronde, concentrant alors toute son attention vers Damian. Il semblait si soucieux que le poufsouffle ne put empêcher un sourire trompeur de s’esquisser sur ses lèvres. Devant le flegme évident dont faisait preuve son ami, l’autre fit une moue revêche en croisant les bras sur son torse. Une ride d’anxiété se dessina sur le front du jeune homme, de quoi amuser encore davantage Damian.

« Relaxe, depuis quand tu te mets dans cet état là pour un ridicule petit retard? »

« Depuis que notre « ridicule petit retard » s’est transformé en énorme retard impossible à justifier! »

Arquant un sourcil, Damian se redressa mollement pour planter un regard sceptique dans les yeux si transparent de son condisciple. Laissant un silence s’installer, il se fit ensuite une joie de venir le rompre, de sa voix traînante et si supérieure.

« Impossible à justifier? Je suis Damian Vestlay … »

Ses paroles n’appelaient pas la moindre réponse, le poufsouffle se garda donc de répliquer. Son camarade commençait à apprendre la leçon. Satisfait, Damian se laissa tomber sur son matelas. Une heure passa avant qu’il ne rouvre les yeux. Son sommeil n’était pas encore comblé, mais Damian n’aimait pas dormir lorsqu’il aurait put mettre le temps passer à dormir à profit pour une occupation plus enrichissante. Par enrichissante, il entendait bien sûr en rapport avec les filles, l’alcool, la drogue; et un mélange des trois promettait même d’être profondément enrichissant.

Repoussant ses couvertures d’un geste nonchalant, Damian posa un pied à terre, puis l’autre, avant de se lever et de faire quelques pas approximatifs dans le dortoir. Un regard circulaire lui permit de comprendre que son camarade n’avait pas suivit son exemple et s’était sans doute précipité en cours sans perdre une seconde. Avec un grognement désapprobateur, Damian se dirigea vers son placard dont il extirpa quelques vêtements. Après avoir pris quelques affaires de toilette dans sa malle, le poufsouffle se dirigea vers les douches. Il se débarbouilla en vitesse; pas qu’il ne voulusse se mettre davantage en retard, mais plutôt parce qu’il avait une affaire sur le feu.

Il se retrouva bien vite frais et bien apprêté, adossé au mur près la porte d’une salle de cours au 1er étage. La fin du cours fut bientôt marquée par la cloche retentissante. La porte s’ouvrit alors à la volée et des élèves de 6ème année se répandirent en flot continu dans le couloir. Lorsque Damian repéra enfin l’élève dont il attendait la sortie avec impatience, il lui attrapa le bras et l’attira un peu plus loin. Dans un murmure à peine audible, il exprima le fond de sa pensée:

« Je sais de source sure que tu n’as toujours pas mit le grappin sur Lockhart … »  Un sourire fin avait accompagné sa déclaration. Voyant la jeune fille se renfrogner, il ajouta: « Attention, Juliet, si tu attends trop longtemps, tu ne parviendras jamais à le faire tien. » L’air mauvais que se composa la gryffondor valut à Damian un sourire amusé. Il avait visé juste, ses affirmations l’atteignaient en plein cœur. Si elle souhaitait lui faire ravaler son sourire goguenard, elle n’avait qu’une seule solution. Elle extirpa rageusement son bras de l’emprise du poufsouffle et lui adressa un sourire forcé. Tandis qu’elle faisait volte face pour s’éloigner, Damian l’attrapa par les hanches et se cola contre son dos tout en approchant les lèvres de son oreille. « Tic, tac, tic, tac … »